Un carnage. Voilà ce que c’était. Un véritable carnage. Il y avait des corps partout. Des corps sans vie… Un Lucario était la, debout, en train de contempler le désastre, les bras croisés. Si seulement il avait pu être un peu plus rapide, il aurait pu empêcher le criminel de prendre autant de vie.

- Merde ! C’est un vrai massacre… fit le Lucario.

Le pokémon s’avança et commença à vérifier si tout les pokémons étaient bel et bien mort, et mentalement, il faisaient les comptes… Il continua de compter, vérifiant à chaque fois les cadavres, espérant que peut-être, il y avait encore des survivants. Même un seul survivant… Et comme pour exaucer son souhait, il entendit un grognement non loin de lui, alors qu’il avait déjà compté une dizaine de corps. Le Lucario se précipita immédiatement à ses côtés.

- Je t’en prie, tiens le coup !

Le pokémon à terre grogna, puis perdit connaissance. Le Lucario avisa ses blessures, qui ne semblaient pas trop grave. Avec un peu de soins et de temps, le blessé serait capable de se tenir debout comme avant, mais il avait perdu une quantité assez conséquente de sang, ce qui réduisait sérieusement ses chances de survie... Le Lucario le pris sur son dos et le posa un peu à l’écart, ou il y avait une petite rivière qui coulait. Il entreprit de nettoyer à l’eau claire les blessures du pokémon blessé. Il ressemblait en tout point de vue à un Zoroark, comme la plupart des victimes. Seulement lui avait eu la chance de disposer d’un peu plus de force que les autres, si bien qu’il lui était encore possible de survivre.
Une fois les blessures lavées, le Lucario le posa sur un grand rocher et commença à veiller sur lui. Les heures passèrent et rien ne rassurait le Lucario : la respiration du blessé était sifflante et malgré son pelage on pouvait voir qu’il transpirait un peu. Au bout du compte, celui-ci était aussi condamné que les autres. Mais le Lucario ne perdit pas espoir pour autant. Tant que le pokémon n’avait pas cessé de vivre, il y avait encore un espoir, ou du moins c’est ce qu’il se plaisait à penser. Le soir venu, le Lucario fit un feu et s’installa à son aise, tout en surveillant le blessé.

- Je sens que la nuit va être longue… dit-il en se calant contre un rocher.

Et ainsi, il passa la nuit, luttant contre le sommeil. Mais l’inévitable se produisit : le Lucario s’endormit. Quand il se réveilla le matin, il frappa du poing sur la pierre en jurant. Puis il reporta son attention sur le Zoroark blessé. Sa respiration n’était plus sifflante et il avait cessé de transpirer. Peut-être qu’il allait s’en sortir en fin de compte. Il le surveilla encore un peu et après s’être assuré qu’il tiendrait le coup, le Lucario se dirigea vers les cadavres qu’il avait découvert la veille et les empila, avant d’y mettre le feu pour les incinérer. Puis il se rendit à nouveau au chevet de son blessé et continua de veiller sur lui, sans oublier de se restaurer bien entendu. Il se paya même le luxe de rattraper la nuit blanche qu’il avait perdu et une fois le soir venu, il alluma un feu et s’endormit l’esprit tranquille, maintenant sûr que le Zoroark allait survivre.
Un bruit le réveilla en plein milieu de la nuit. Il ouvrit les yeux et ne vit plus le corps du Zoroark. Il le chercha un peu du regard et le découvrit un peu plus loin sur le rocher, a quatre pattes, les larmes aux yeux en train de regarder la lune. Le Lucario ne fit rien, jugeant plus judicieux de ne pas se faire remarquer maintenant.

- Pardonnez-moi... fit le Zoroark. Je vous en supplie, pardonnez-moi… Je vous jure que je rattraperai celui qui a fait ça… Je vous le jure… J’en prend la lune comme témoin et peu importe le temps que ça prendra, je le retrouverai et vous vengerai…

Il resta comme ça pendant un petit moment, avant de revenir vers le feu et vers le Lucario. Dès que le Zoroark fut au niveau du Lucario, ce dernier s’assit.

- Tu ferais mieux de ne pas bouger, tes blessures ne sont pas encore totalement cicatrisées, fit le Lucario.

- C’est toi qui t’est occupé de me soigner ?

- Oui, et c’est aussi moi qui ai incinéré tout les corps.

- Je vois… Merci.

- C’est le moins que je puisse faire, si déjà je n’était pas assez rapide pour empêcher ce massacre…

- Tu veux dire… que tu voulais venir nous aider face à ce monstre ? Mais tu n’aurais pas pu partir plus tôt pour arriver ici plus tôt ! s’exclama le Zoroark.

- On se calme ! J’y peux rien si la demande de capture de cet hors-la-loi n’a pas été affichée plus tôt ! Je n’y suis pour rien, je ne savais même pas qu’il allait s’en prendre à vous ! Dès que j’ai vu la demande, je l’ai prise et je suis venu ici le plus vite possible, mais malheureusement je suis venu trop tard, tu était le seul qui n’était pas encore mort, répondis le Lucario, d’un ton sec.

- L’administration… C’est donc la faute de l’administration si tu a mis tant de temps ?

- Tout à fait. Figure-toi qu’il n’en ai pas à son coup d’essai, donc il est très difficile de prédire ses prochaines actions. Mais dès qu’on a su qu’il allait s’attaquer à vous, une demande de capture à été émise dans toute la région et j’étais le premier sur les lieux.

Un silence pesant s’installa suite aux dernière paroles du Lucario. Le Zoroark était en train de digérer toutes les informations. Les minutes s’accumulèrent, avant que le Zoroark ne brise le silence en posant une question :

- Dis-moi, j’ai une question à te poser. Est-ce que cela te dérange si je me joins à toi pour attraper cette ordure ?

- J’avais envisagé ta question, pendant que tu était en train de reprendre des forces. Je serais bien tenté de te laisser venir avec moi, mais ma mission est de le capturer. Or, je suis quasiment sur que lorsque tu le verras, tu n'hésiteras pas une seconde à le tuer, si l’occasion se présentait, alors j’ai quelques craintes, comme tu peux t'en rendre compte… Si ça ne te dérange pas, je préférerais te répondre demain matin, on dit que la nuit porte conseil.

Le Zoroark hocha la tête et retourna se coucher, souhaitant une bonne nuit au Lucario, qui ne se fit pas prier pour se recoucher. Le lendemain, le Lucario se leva assez tôt, histoire de préparer quelque chose de chaud et de consistant avant de repartir. Il ne s’était pas encore fait d’opinion bien tranchée sur la question du Zoroark, aussi il y réfléchit en même temps. Que la réponse soit positive ou non, le Lucario avait déjà passé trop de temps ici, il devait se remettre à la traque du pokémon fugitif. Mais il ne serait pas tranquille si il savait que le Zoroark ferait tout pour retrouver le meurtrier et le tuer avant que lui-même ne puisse mettre la main dessus. La solution la plus sûre était encore de faire venir le Zoroark avec lui, afin de le garder à l’œil, même si il risquait de grandement ralentir la progression du Lucario, au vu de ses blessures.

- Déjà réveillé ? T’est matinal dis-donc, fit une voix dans le dos du pokémon.

- Oh, c’est toi, répondit le Lucario en se retournant pour voir de qui il s’agissait.

- Punaise ça devrait être interdit d’avoir autant faim ! Fit le Zoroark pour lui même.

- Patiente encore un peu, c’est pas encore prêt.

La nourriture chauffa encore quelques instants, avant d’être servie. Le Zoroark l’avala tout rond avant de se resservir. Cela se voyait qu’il n’avait rien mangé depuis trois jours. Le Lucario, lui, prit son temps, réfléchissant mentalement au chemin qu’il allait devoir prendre pour rattraper au plus vite la cible. Une fois les deux pokémons rassasiés, le Lucario éteignit le feu et s’adressa au Zoroark :

- J’ai bien réfléchi à ta proposition. Je crois qu’il serait mieux pour nous deux que tu m’accompagne.

- Chouette !

- Mais je te préviens : pas de conneries. Je n’hésiterai pas à te demander de faire demi-tour si jamais je vois que ça ne marchera pas. Compris ?

- Compris ! Mais au fait, tu t’appelle comment ? Parce que on s’engueule et on part en mission ensemble, mais je sait toujours pas comment tu t’appelles.

- Tu peux m’appeler Kydram. Et toi ?

- Moi c’est Razgriz.

Et c’est ainsi que Razgriz et Kydram se mirent en route pour retrouver l’auteur du carnage, se fiant aux traces que ce dernier avait laissé un peu partout : traces de pas, restes de feu de camp et branches d’arbres brisées. Les deux pokémons pistèrent le voyou de la sorte pendant une semaine, jusqu’à ce qu’il le retrouve enfin, et apparemment, il était déjà en train de préparer son prochain massacre… Kydram demanda à Razgriz de rester derrière et tenta de s’approcher du tueur discrètement par derrière.

- Je savais bien que j’étais suivi, fit-il en se retournant vers Kydram. Inutile d’essayer de m’avoir par surprise, j’ai une ouïe plus développée que la tienne. C’est assez utile pour savoir si mes victimes sont mortes ou non.

Le pokémon, semblable en tout point à un Seviper, commença à rire, jusqu’à ce qu’une furie se jeta sur lui et le plaqua au sol avec force.

- Si tu est capable d’entendre si tes victimes sont mortes ou pas, alors tu peux m’expliquer pourquoi je suis encore en vie ? A moins que tu ne m’ait pas entendu ? Ou bien tu devais penser que j’allais succomber de mes blessures et donc tu m’a laissé la, en train d’agoniser ?

- Razgriz ! Arrête !

- Toi arrête ! C’est une affaire entre lui et moi ! Je te rassure tout de suite, je ne le tuerais pas !

Razgriz ne laissa pas le temps à Kydram ou au Seviper de faire quoi que ce soit qu’il commença à asséner de violents coup de poing au pokémon. Kydram tenta tant bien que mal d’essayer d’enlever Razgriz et de le mettre hors de portée du hors-la-loi, mais en vain. Il se recula donc et resta en retrait, prêt à intervenir si les choses tournaient mal. La scène dura une bonne dizaine de minutes, avant que Razgriz ne cesse de faire preuve de violence et se releva. Le Seviper, lui, était inconscient et avait la figure en sang, avec des ecchymoses un peu partout.

- Voilà, il est à toi maintenant, fit Razgriz.

- Je t’avais demandé de rester derrière !

- Je t’ai dit que je ne le tuerais pas. Il est encore en vie, il est juste inconscient. Tu n’a plus qu’à faire ce qu’il te reste à faire.

Kydram, ne trouvant pas de réplique, se dirigea vers le Seviper, toujours inconscient, et le ligota avant de prévenir les autorités qu’il avait capturé le criminel. Les autorités concernés se mirent donc en route et arrivèrent dans l'heure.

- Hé ben, il est dans un sale état. Je peux savoir ce qui s’est passé ? Demanda le shérif.

- En fait…

- Disons qu’il n’a eu que ce qu’il méritai, fit Razgriz, coupant net la parole à Kydram.

- Ce n’était pas toi qui a accepté la mission. Mais qui est-tu alors ?

- C’est un survivant du dernier carnage de Seviper, répondit Kydram, plus rapide que Razgriz.

Le shérif considéra Razgriz et Kydram d’un œil peu convaincu, puis emmena le Seviper avec lui, laissant Kydram et Razgriz seuls.

- Et maintenant, que vas-tu faire ? Demanda Kydram au Zoroark.

- Je sais pas trop… Peut-être que je vais me mettre à rechercher un autre groupe de pokémons ou je pourrais m’intégrer…

- Écoute, bien que ton comportement m’ait déplu lors de ta violente altercation avec Seviper, j’ai une proposition à te faire : cela t’intéresserait-il de former une équipe de secours avec moi ?

- Carrément ! Mais on va s’appeler comment ?

- Pour ça, j’ai ma petite idée. Tu te souviens de la nuit ou tu t’était levé ? J’ai observé la scène de loin et ça m’a donné une idée. Et si on s’appelait l’équipe Crying Moon ? Proposa Kydram.

- Ça me va, mais j’ai une chose à te demander : oublie ce que tu a vu pendant cette fameuse nuit.

- Je ne vois absolument pas de quoi tu me parles.

- Merci, fit Razgriz en souriant au Lucario.

Et c’est ainsi que l’équipe Crying Moon vit le jour.